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Enfant de Novembre

Enfant de Novembre

Bienvenue sur le blog de ToF', une escale dans sa balade labyrinthique.


Le Cordon (2)

Publié par EnfantdeNovembre sur 27 Février 2011, 16:42pm

Catégories : #Trucs longs

Septième ciel

 

Le Cordon (illustration)

 

Ma première entrée dans l’espace ombilical fut placé sous le signe d’un vertige, à la vue du cordon géant s’imposant dans tous les symposiums de France et des avares. Je le voyais visqueux, ignorant s’il l’était vraiment. C’était impressionnant à voir. De multiples plateformes avaient été fixées au verre enveloppant l’horreur, par de luxueuses équerres, à quelques mètres d’intervalles pour former des étages. Des escalators y avaient été construits, à la manière du centre Pompidou. Au verre s’ajoutait la ferraille, pourtant le cordon continuait de pulser. J’avais payé ma place assez cher pour voir cela, et en premier lieu le prix du cauchemar. Ce fut avec une prudence infinie que je suivis un couple de visiteurs qui avait pris le forfait « Séminal ». Perplexe, je me persuadai d’avancer, de prendre cette nouvelle nouveauté comme une ancienne habitude, et tentai par l’esprit et les pupilles d’apprivoiser le machin. Après tout, c’était un simple parc d’attractions. Je m’imaginai soudain à dada sur l’immense veine principale du vaisseau sanguin, entre deux artères parfaitement élaborées. Je me sentais fœtus en route pour le placenta maternel!

Je parcourais le long des longues passerelles artificielles greffées avec le plus grand soin. C’était labyrinthique, vertigineux. Les touristes affluaient dans les brancards, les experts hypostasiaient à l’ombre des hypostyles, moi je devenais dingue! Un hasard, de ceux faits pour nous rappeler le confort d’où l’on vient, me fit rencontrer un couple d’amis lointains avec qui jadis j’aimais à réinventer le monde. Des souvenirs heureux me revinrent sur le coup, et me firent esquisser un timide sourire. Les jets d’une hydre peu commune à proximité nous humidifiaient les cœurs, et nous partageâmes quelques pas sur un rythme mal accordé: leur extase béate face à l’étrangeté ne faisait que m’approfondir dans un néant béant. Comme le couple précédent, ils s’étaient entichés d’un forfait sur mesure, avec le bonheur assuré. Je continuais de ne rien y comprendre, et mon ignorance obstinée commençait à m’agacer. L’heure d’un choix avait sonné, et je choisis au pif un ascenseur qui me fit monter de douze étages. Il devait y en avoir des centaines d’autres au-dessus de moi. Les ascenseurs allaient et venaient de manière lente, magnifiant la hauteur, terrifiant mon humeur. Le nez collé à la vitre, s’offrit à ma vue l’insupportable nuancé d’une curiosité critique et clinique: le tube enveloppant ce si long vaisseau originel ne lui était pas fixé à même la paroi sanguine; il ne faisait que l’envelopper à une distance minime et pudique, et le cordon semblait en apesanteur. En fait, il flottait: j’avais pu distinguer une cascade fluide de liquide séminal, sous le marais amniotique. Ce que je voyais de visqueux jusqu’alors, me devint juste moelleux. Je fus saisi d’un sursaut, qui me fit sortir le premier de l’ascenseur. Les yeux trop ouverts, je m’évanouis soudain.

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