Ronds de fumée (4)

Jour ordinaire.

Un rond de fumée comme un autre.
Un rond qu’est pas carré, même pas opaque, même pas ovale. Même pas à Pâques! Un rond tout rond, stable dans sa circulaire, en apesanteur. Si je soufflotte, le rond peut s’éparpiller, on l’a vu, on le sait maintenant d’expérience. Néanmoins il se pourrait également qu’il ne soit en rien perturbé, rendant mon souffle imperceptible. Le souffle mourant…

Un rond de fumée comme les autres.
Un rond jaune, puis bleu, puis rouge, un rond d’étoile en pleine activité. Un rond à satellite, pour mieux orienter mes sens qui n‘en feront de toute façon qu‘à leur tête. Un enchevêtrement complexe de processus astronomiques au bout duquel s’écoule parfois une bribe de pensée plus ou moins cohérente: une météorite. Elle ne fait que filer. Mais les couleurs, sur son passage, s’entremêlent dans une étreinte céleste, et j’ai la tête emplie d’aurores boréales.

Un rond de fumée comme les autres. Mais en mieux... 
Un rond protéiforme, qui revêt en fonction de l’humeur que je dégage l’élément le plus adéquat. D’air, il passe à l’eau sans s’égoutter. Puis prend du galon, une assurance nouvelle, devient solide comme la terre. Solide et fragile, si fragile qu’il prend feu. Chacun de mes ronds est la planète bleue qui s’affirme, puis meurt de cette guerre éternelle des éléments. Avant de renaître de ses cendres, m’offrant du même coup une toute nouvelle espèce de ronds jamais encore explorés, ni même envisagés. 


Éclipse de rond de fumée. 

Ecrit par T '

février 2011